La source attire et fascine, la rivière enchante par son cours si vif ; mais connaissez-vous le château où se rencontraient le plus grand poète du XIVe siècle, Pétrarque, et son ami le flamboyant évêque Philippe de Cabassolle ?
Au pied de la falaise qui clot la vallée, une fois que vous vous serez bien imprégné de la beauté du lieu et pénétré de sa fraîcheur, une fois que vous aurez médité, face au gouffre d’où s’échappe la plus mystérieuse des sources, au retour vers le village, à mi-chemin, levez les yeux. Par-delà la verte et tumultueuse rivière, vous découvrirez, se confondant presque avec la roche, les ruines d’un château-fort.
L’évêque et le poète
Ancienne propriété des évêques de Cavaillon, cette construction, fort ruinée, prolonge la minéralité du roc sur lequel elle est juchée. On y accède, à partir de la ville, par un sentier qui mène à un porche ouvert dans la muraille qui ceinturait l’esplanade sur laquelle se dressent fièrement ces ruines. Par-delà ses murs, en surplomb de l’à-pic, vous dominerez la “Vallée close” ; au fond dévale la Sorgue, à peine née d’une blessure de la roche et déjà large rivière. Alentour, le cirque des falaises érodées ; en contrebas, le village et ses moulins hydrauliques. Lors de ses séjours à Vaucluse, ce méchant chemin, le poète Pétrarque l’a souvent emprunté pour rejoindre son ami, Monseigneur de Cabassolle, évêque de Cavaillon qui venait ici se reposer de ses lourdes charges et deviser avec l’écrivain humaniste, alors en exil en Provence.
Philippe de Cabassolle ne fut pas qu’un simple prélat ; il fut en son temps un haut personnage, homme d’Église et un homme d’état important. Chancelier, puis Régent du Royaume de Naples pour le Comte de Provence, tuteur un temps de Jeanne de Naples (la future reine Jeanne, chère au cœur des provençaux), diplomate pontifical, puis Légat du pape, Recteur (administrateur) du Comtat Venaissin, il devint évêque de Marseille, puis Cardinal de Sabine, en Italie ; enfin, couronnement de sa carrière, il fut nommé par le pape Urbain V, cardinal patriarche de Jérusalem.
Pétrarque et Laure
“Je m’enquérais d’un lieu caché où je puisse me retirer comme dans un port, quand je trouvai une petite vallée fermée, Vaucluse, bien solitaire, d’où naît la source de la Sorgue, reine de toutes les sources. Je m’y établis. C’est là que j’ai composé mes poèmes…” Ainsi s’exprime Pétrarque, poète italien qui s’installe en ces lieux en 1337. Ces poèmes, ce sont ses immortels sonnets à la gloire de la belle Laure de Noves. Un amour impossible, qu’il sublime et élève à la hauteur d’un mythe.
Ce furent donc deux personnages considérables, l’un en littérature, l’autre en politique et en religion, qui arpentèrent ensemble les courtines et les salles de ces ruines majestueuses.
Si vous voulez découvrir l’œuvre de Pétrarque, la résonance considérable qu’elle eût sur la culture occidentale et son influence sur notre façon de concevoir l’Amour avec un grand A, vous visiterez aussi avec profit le musée-bibliothèque Pétrarque, aménagé dans l’ancienne maison du poète.
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