La chapelle Saint-Pierre-en-Demuyes

Chapelle Saint-Pierre-en-Demuyes. Châteauvieux (Var).

Chapelle Saint-Pierre-en-Demuyes. Châteauvieux (Var).

Isolée, cachée au creux de collines boisées, la chapelle Saint-Pierre-en-Demuyes témoigne qu’à cet emplacement, près d’une source réputée miraculeuse, s’élevait au Moyen Âge un monastère de moniales cisterciennes. Tout près de la chapelle se trouve une tombe anthropomorphe que la tradition locale attribue à saint Pierre. Pour la fête du saint, le 15 mai, il s’y déroulait un pèlerinage très suivi dans la contrée.

Chapelle Saint-Pierre-en-Demuyes. Châteauvieux (Var).

Un environnement de collines boisées.

Situé sur la commune de Châteauvieux, dans le Var, on accède à ce site par un chemin de terre qui prend sur la route départementale 52A. A partir de Châteauvieux, prenez la D52 en direction de La Martre. Un peu avant d’arriver à ce village, vous rencontrerez, à votre gauche, la D 52A, aussi nommé chemin de Demuyes. Vous la prendrez et vous roulerez quelques kilomètres, jusqu’à ce que vous découvriez, sur le bord droit, une petite croix de pierre. En face, de l’autre côté, se trouve une esplanade où s’amorcent deux chemins de terre. Une pancarte vous indique celui qui mène à la chapelle. Il est préférable – et plus agréable – de laisser là votre véhicule et de continuer à pied.

Chapelle Saint-Pierre-en-Demuyes. Châteauvieux (Var). la croix.

La croix, au bord de la route.

Vous vous enfoncez alors dans un sous-bois clairsemé peuplé de pins et de chênes blancs. Au bout de quelques centaines de mètres vous découvrez un espace dégagé, au fond duquel la petite chapelle blanche apparaît.

Le monastère de moniales cisterciennes

Ici se serait élevé une abbaye de femmes, la première en Provence affiliée à l’ordre cistercien. Ce monastère de moniales apparaît dans plusieurs documents du Moyen Âge ; il est cité maintes fois de façon indirecte mais son histoire reste obscure.

C’est à l’abbé Jules Chaperon, qui fut curé de La Martre, un village voisin, mais aussi héros de la Grande guerre, aumônier militaire, créateur d’un orphelinat au Proche-Orient et d’un hôpital dans la région, que l’on doit la seule étude sérieuse sur le sujet. Jules Chaperon à exploré les archives régionales et fait des fouilles archéologiques sur le site. En 1905, il a publié un opuscule de 29 pages, où il synthétise ses découvertes : « Recherches historiques sur Saint-Pierre en Demueyes, abbaye cistercienne du XIIe siècle ».

Chapelle Saint-Pierre-en-Demuyes. Châteauvieux (Var). Mur ruiné.

Vestiges ruinés de l’abbaye disparue.

Fondée en 1189, l’abbaye a eu une existence active jusqu’à la fin du XIVe siècle. Le monastère aurait compté jusqu’à soixante religieuses et plusieurs de ses abbesses appartenaient aux grandes familles de la noblesse régionale : les Villeneuve, les Grimaldi, les Castellane. Le monastère aurait été détruit par les bandes armées aux ordres de Raymond de Turenne qui ravagèrent la Provence entre 1389 et 1399. Il ne s’en releva pas et il ne subsista en ce lieu, au siècle suivant, qu’un modeste prieuré rural sous la coupe de l’abbaye du Thoronet.

Chapelle Saint-Pierre-en-Demuyes. Châteauvieux (Var). Chapelle et parvis.

La chapelle et son parvis aménagé pour des messes en plein air.

La chapelle

Construite en pierres et coiffée d’un toit sur charpente couvert de tuiles romaines surmonté d’un petit clocheton, la chapelle que nous découvrons aujourd’hui a été édifiée en 1615, mais a du être mainte fois remaniée depuis. La porte en bois est ornée d’une croix et l’imposte est de style toscan. Son chevet est plat. Elle occuperait l’emplacement du chœur de l’ancienne église abbatiale disparue. En 1993, lors de la dernière restauration, son parvis a été aménagé et a été doté d’un petit autel de pierre et de gradins extérieurs, afin que des messes champêtres puisse y être célébrées.

Chapelle Saint-Pierre-en-Demuyes. Châteauvieux (Var). La source..

La source.

La source guérisseuse, la tombe et le pèlerinage

En provençal, mueio désigne une source qui sourd au milieu d’une prairie ; c’est l’étymologie probable du mot Demuyes, qui nomme le vallon. En errant autour de la chapelle, on découvre rapidement cette source sommairement aménagée qui dégorge d’un sol herbeux légèrement en pente. Elle est reçue dans des troncs de bois creusés en auges et donne naissance à un ruisseau. En continuant a déambuler on tombe sur quelques pans de murs ruinés, vestiges des bâtiments conventuels disparus et sur une tombe de forme anthropomorphe, creusée dans le sol, ouverte, et appareillée en pierres. Dans le légendaire local et la tradition, la source et la tombe sont étroitement liées.

Dans les siècles passés, la population locale attribuait à la sources et à la tombe, désignée comme étant celle de saint Pierre, des vertus guérisseuses. Les pèlerins qui souffraient, ou dont un parent souffrait, de divers maux, apportaient un vêtement leur appartenant, le trempaient dans la source puis le déposaient au fond de la tombe avec force prières. Ils attendaient de cette opération, soulagement et guérison.

Le 15 mai, pour la fête de Saint-Pierre, la chapelle était le centre d’un pèlerinage qui, au début du siècle dernier, attirait toute la population locale, mais aussi des pèlerins venus de toute la région. Il semble que le pouvoir d’attraction de ce lieu sacré ne se soit pas totalement perdu, comme le montre l’aménagement du parvis réalisé lors de la dernière restauration de la chapelle et destiné à la célébration de messes en plein-air.

Chapelle Saint-Pierre-en-Demuyes. Châteauvieux (Var). La tombe.

La « tombe de saint Pierre ».

Un saint Pierre bien mystérieux

Les croyants locaux ont identifié le saint vénéré ici à Pierre l’apôtre, premier Père de l’Église, sans se préoccuper d’un paradoxe apparent, puisque son tombeau officiel est localisé au centre de la chrétienté : la basilique Saint-Pierre-de-Rome. Cependant, dans les temps anciens, il semble ne pas en avoir été ainsi. Un document du Moyen Âge parle d’un saint « Pierre de Limoges » vénéré alors dans la région, mais ce texte est muet sur la vie de ce saint.

Chapelle Saint-Pierre-en-Demuyes. Châteauvieux (Var). Nature..

La Provence verte.

Sources documentaires diverses avec une primauté donnée à : Jules Chaperon. « Recherches historiques sur Saint-Pierre en Demueyes, abbaye cistercienne du XIIe siècle ». Draguignan. Imprimerie Latil. 1905 – Consultable à l’Alcazar, la bibliothèque municipale de Marseille.

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