Diversité et vitalité. Voilà les mots qui caractérisent les fêtes en Provence. On peut dresser sur ce territoire qui comprend la Provence, la Côte d’Azur et le sud des Alpes, un véritable catalogue de tous les types de fêtes :
• D’anciennes fêtes agraires qui furent répandues dans toute l’Europe et qui ont subsisté, à peine maquillées, ici et nulle part ailleurs, telles l’arbre de Mai à Cucuron, le bœuf gras à Barjols ou, plus mystérieuse encore, le Bacchu-Ber, danse des épées, à Pont-de-Cervières, un hameau de Briançon.
• Fêtes religieuses à caractère familial et social, comme le Noël provençal si particulièrement naïf et fervent, avec la crèche et les santons, le Gros souper, sa veillée et les 13 desserts, la messe de minuit et les “pastrages”, rites auxquels on peut adjoindre les rafraîchissantes et truculentes “pastorales”.
- Pastrage. Descente des bergers. Allauch (Bouches-du-Rhône).
- Offrandes. Messe de minuit. Allauch (Bouches-du-Rhône).
- Crèche. Collection Pesante. Aubagne.
- Crèche vivante. Aubagne (Bouches-du-Rhône).
- Pastorale Maurel. Marseille, théâtre de la rue Nau.
- Marche des rois. Aubagne 2008.
• Fêtes religieuses en l’honneur de la Vierge et des saints qui se manifestent par des pèlerinages et des processions nombreuses et aujourd’hui encore très suivis malgré une déchristianisation de la société. Certains pèlerinages sont très originaux comme celui de saint Gens dans le comtat venaissin ; d’autres, comme ceux dédiés à saint Symphorien, sont plus “terriens” et manifestent un attachement profond au catholicisme mais aussi à la terre et aux traditions provençales.

Pèlerinage de Saint-Gens. Des jeunes hommes portent le saint, en courant, sur 17 km, de Monteux au Beaucet (Vaucluse).
- Procession de la Vierge du Panier, le plus vieux quartier de Marseille.
- Notre-Dame du Château dite « La Belle Briançonne », portée en procession entre Saint-Étienne-du-Grès et Tarascon (Bouches-du-Rhône).
- Procession à Notre-Dame la Brune. Mazan (Vaucluse).
- Procession de Notre-Dame-de-Bon-Port, au cap d’Antibes (06).
- Fête de la Saint-Pierre, patron des pêcheurs, à Antibes (06).
- La Saint-Pierre à l’Estaque, quartier de Marseille.
- Fête de Sainte-Réparate, patronne de Nice.
- Reconstitution de la Passion, à Roquebrune-Cap-Martin (O6).
- Fête de la saint-Claude, patron des potiers, à Vallauris (06).
- Messe lors du pélerinage à la chapelle Saint-Symphorien, à Cazan, hameau de Vernègues (13).
- Fête de la Saint-Blaise, patron de Thoard (Alpes-de-Haute-Provence).
- Fête du Petit-Saint-Jean. Le 23 juin, à Valréas (Vaucluse).
• Le spectaculaire pèlerinage Gitan aux Saintes-Maries-de-la-Mer attire beaucoup de touristes, mais c’est d’abord l’expression d’une intense ferveur religieuse des gens du voyage. Il a son pendant en octobre où ce sont les saintes Maries, Marie Salomé et Marie Jacobée qui sont plus particulièrement célébrées. Pèlerinage sans touristes où se reconnaissent mieux les Provençaux.

Pèlerinage du mois de mai, aux Saintes-Maries-de-la-Mer, en Camargue. Les saintes Maries, Marie Salomé et Marie Jacobée, et les gardians.
• Les fêtes identitaires, où une ville, un terroir, un pays se reconnaît et se retrouve dans la fête. C’est le cas de Tarascon et des fêtes de la Tarasque, le monstre vaincu par sainte Marthe ; évènement qui devient fondateur de la ville. Le cas encore de Saint-Tropez qui, par la plus spectaculaire des “bravades”, célèbre son saint patron et sa fondation. Enfin, c’est le cas des nombreuses fêtes qui célèbrent la culture taurine, en Camargue et dans le pays entre Alpilles, Rhône et Durance.
- Arlésiennes.
- Course camarguaise aux Saintes-Maries-de-la-Mer (Camargue).
- Course camarguaise. Saint-Laurent-d’Aigouze (Camargue gardoise).
- Abrivado. Vallabrègues (Gard).
- Jeu de l’orange. Arènes des Saintes-Maries-de-la-Mer.
- Roussataio. Les saintes-Maries-de-la-Mer.
• Identitaires et agraires aussi les Saint-Eloi et les cavalcades, fêtes en l’honneur du cheval de trait et de la vie paysanne, qui se répartissent en deux aires principales : le triangle Alpilles, Rhône Durance et l’est des Bouches-du-Rhône, avec quelques prolongements dans le Var et quelques manifestations qui subsistent dans les Alpes.
- Saint-Eloi à Maillane (13). les chevaux.
- Saint-Eloi à Maillane (13). La charrette.
- Saint-Eloi à Maillane (13).
- Saint-Eloi à Maillane (13).
- Saint-Eloi à Eyrargues (13).
- Saint-Eloi à Eyrargues (13). La charrette.
- Saint-Eloi à Mollégès (13)
- La Madeleine, à Châteaurenard (13).
- La Madeleine à Châteaurenard. La seule charrette républicaine.
- La Madeleine, à Châteaurenard (13). Décor de la charrette.
- Saint-Roch à Rognonas (13).
- Saint-Roch à Rognonas (13). La charrette.
- Saint-Eloi à Lascours, un hameau de Roquevaire (13).
- Saint-Eloi à Cuges-les-Pins (13).
• Fortement identitaires encore les fêtes issues du mouvement de Renaissance provençale, le Félibrige, initié par Frédéric Mistral et quelques compagnons. Mouvement bien vivant qui organise et anime des fêtes comme la Festo vierginenco, où les jeunes filles “prennent le ruban” d’arlésienne, ou la fête des Gardians en Arles.
• Fêtes de métiers, à la gloire de métiers et de savoir-faire bien vivants (potiers), disparus (vanniers) ou qui furent importants dans la Provence rurale (bergers) ou maritime (pêcheurs).
• Fêtes des vendanges du vin et de la vigne. Festivités qu’on trouve à tous les stades d’évolution de la vigne : croissance (fête de la Saint-Marc à Villeneuve), véraison (Châteauneuf-du-Pape), vendanges (multiples localités) et même dégustation (procession des bouteilles à Boulbon) !
- Confréries de vignerons, lors du Ban des vendanges à Avignon.
- Fête de la Saint-Marcellin. Boulbon (Bouches-du-Rhône).
- Saint-Marcellin à Boulbon (Bouches-du-Rhône). Procession vers la chapelle.
- Fête de la Saint-Marc. Villeneuve-lès-Avignon. Danse au-dessus de la souche fleurie.
- Fête de la Saint-Marc. Villeneuve-lès-Avignon. Danse de la souche.
- Fête des vendanges. La Cadière-d’Azur.
- Fête des vendanges. La Cadière-d’Azur. AOC Bandol.
- Fête des vendanges. La Cadière-d’Azur.
- Fête des vendanges. La Cadière-d’Azur.
- Fête de la Saint-Marcellin à Rognes (Bouches-du-Rhône).
• Fêtes commémoratives qui rappellent un évènement historique important dans la vie d’une collectivité comme la fête de Pétardier à Castellane (Alpes-de-Haute-provence) ou Lou Carri, à Mazan (Vaucluse).
• Fêtes votives, ou fêtes patronales partout vivantes dans les villages.
• Corsos et les fêtes florales, où des chars fleuris et ornés de motifs et de sujets créés par les habitants eux-mêmes, sont promenés sur le “cours” . Ces manifestations, simples ou spectaculaires ont toujours beaucoup de succès.
- Fête du mimosa, à Mandelieu (Alpes-Maritimes).
- Corso du mimosa, à Bormes-les-Mimosas (Var).
- Corso de Pertuis (Vaucluse).
- Corso de Pertuis (Vaucluse).
- Fête de la Rose à Placassier, hameau de Grasse (06).
- Combat naval fleuri. Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes). [Photo : Mairie de Villefranche]
- Féerie nautique. Corso aquatique nocturne à l’Isle-sur-la-Sorgue (Vaucluse).
- Fête de la Lavande. Valensole (Alpes-de-Haute-Provence).
- Fête de la Lavande à Sault (Vaucluse). Concours de coupe de lavande.
• Fêtes célébrant les produits du terroir, nombreux et savoureux dans notre région : la truffe (Richerenches), le miel, la lavande (Valensole), le vin, l’ail (Piollenc), et naturellement l’olive et son produit, l’huile d’olive dont la culture est si importante dans ce pays.
- Fête de la truffe. Richerenches (Vaucluse), lors de la messe des truffes.
- Confrérie de l’ail, lors de la fête de l’ail à Piollenc, dans le Vaucluse.
- Fête du melon à Cavaillon (Vaucluse). Concours de dégustation.
- Fête de la fraise, à Velleron (Vaucluse).
- Fête de la courge, à Rians (Var). Concours de la plus grosse courge.
- Fête des olives à Mouriès (13).
- Fête des olives à Mouriès (13). Concours d’olives cassées.
- Fête des olives à Mouriès (13). Ramassage des olives.
- Bénédiction des calissons. Aix-en-Provence.
- Fête de la Branda (eau-de-vie locale). Menton (06).
- Fête de la châtaigne, à Collobrières (Var).
- Oursinades (dégustation d’oursins), à Carry-le-Rouet (13).
• Les carnavals, très présents dans les temps anciens ont suivi une double évolution. Le carnaval participatif, où tout le village entre dans la fête, à la fois défoulement collectif et individuel, avec son aspect fusionnel et ses aspects ironiques et critiques, est en voie de disparition ; à quelques exceptions près dont le carnaval de Murs, en Vaucluse. Cette forme de carnaval régresse pour n’être plus qu’un carnaval des enfants des écoles. L’autre voie de développement a été le carnaval spectacle, le corso carnavalesque dont Nice est le grandiose et plus bel exemple.
• Les grandes fêtes spectacles. Elles sont nées avec l’avènement du tourisme, élitiste puis de masse, sur la Côte d’Azur. Grands spectacles, fastueux dans leurs réalisations, ils drainent des milliers de spectateurs. Nous venons de voir que le premier a été le Carnaval de Nice, modèle du genre qui s’est exporté dans le monde entier. Toujours sur la Côte, il a été suivi par la Fête des citrons à Menton, le Combat Naval Fleuri à Villefranche, le Corso du mimosa à Bormes et, depuis, par bien d’autre manifestations plus ou moins réussies ou durables. Dans cette veine, s’inscrivent aussi les fêtes médiévales et les fêtes en costumes d’époques diverses. Certes, de nombreuses fêtes traditionnelles se jouent en costumes historiques, mais désormais des fêtes, sans lien avec la tradition, se donnent comme objet principal la représentation de scènes historiques. De création récente, certaines, comme 1720 la Ciotat, connaissent un succès rapide.
- Fête des Citrons, à Menton (06).
- Fête des citrons, à Menton (06).
- Bataille de fleurs. Carnaval de Nice.
- Grande parade. Carnaval de Nice.
- Parade nocturne. Carnaval ce Nice.
- Carnaval de Nice.
- Fête corsaire. 1720, à la Ciotat (Bouches-du-Rhône).
- Journées napoléoniennes, à Golfe-Juan (Alpes-Maritimes).
- Joutes médiévales. Simiane-la-Rotonde (04).
- Fête du Drac. Montdragon (Vaucluse).
Il y a donc une tendance, lourde, à transformer le participant, acteur de la fête, en simple spectateur. Cependant, la forte vitalité dont font preuve, en Provence, les fêtes traditionnelles, font échec à cette tendance. Faire la fête, c’est ouvrir une parenthèse dans le quotidien, c’est se libérer, se défouler et participer à une entreprise collective ; fusionner momentanément avec un groupe dans la joie et une saine démesure. Alors, vive la fête !
[Introduction de mon livre : Fêtes en Provence, Alpes et Côte d’Azur, paru chez Édisud en 2008]
Sauf indication contraire, toutes les photos sont de l’auteur : © Serge Panarotto
A voir aussi : Fêtes en Provence, Alpes et Côte d’Azur : le guide
Carnaval au village : Caramentran à Murs